Conférence des ambassadeurs allemands : intervention de M. Hubert Védrine, ministre des Affaires étrangères

Monsieur le Vice-Chancelier, Cher Joschka,
Monsieur le Ministre d’Etat,
Messieurs les Secrétaires d’Etat,
Messieurs et Mesdames les Ambassadeurs et Ambassadrices,
Mesdames et Messieurs,

Je suis très honoré d’avoir été convié par Joschka Fischer à ouvrir à vos côtés cette première conférence des Ambassadeurs de la République fédérale d’Allemagne, quelques jours à peine après avoir réuni à Paris l’ensemble des chefs de mission qui représentent la France dans le monde. C’était en ce qui nous concerne la 8ème conférence de ce type, la 4ème sous ma présidence. Nous avions eu le plaisir d’accueillir, l’an dernier, le Secrétaire d’Etat Wolfgang Ischinger, qui nous avait fait un exposé très intéressant sur l’expérience allemande. Cette année, vous avez souhaité que je vienne moi-même apporter mon témoignage, et je le fais avec beaucoup de plaisir.

Les relations entre la France et l’Allemagne, et entre les responsables au sommet et les responsables en charge de la conduite des diplomaties française et allemande, sont tout à fait particulières. Elles sont même aujourd’hui, pour parler un instant des relations personnelles entre Joschka Fischer et moi, je crois pouvoir le dire, caractérisées par une véritable amitié, fondée sur l’estime réciproque, la confiance, une grande proximité de vues sur la plupart des grandes questions, une certaine forme de connivence même si nous sommes, chacun le sait, très différents. Il n’en reste pas moins que nous sommes en charge de la diplomatie de vieux pays dissemblables, héritiers d’une histoire compliquée, qui ont leurs intérêts propres, même s’ils comprennent bien que la défense de ces intérêts doit s’inscrire aujourd’hui dans un cadre plus large, notamment européen. C’est là toute la complexité, et tout l’intérêt, de la coopération franco-allemande.

Cette coopération est portée aujourd’hui, au Sommet, des deux côtés, par une volonté et par une vision politiques, dont on a vu, tout au long des mois écoulés, notamment à Rambouillet, de multiples manifestations. Mais elle ne peut être durable, et féconde, que si elle engendre, à tous les niveaux, et en particulier au vôtre, dans chaque poste, aux différents étages de nos administrations, une vraie conjugaison des réflexions, une aspiration à résoudre les problèmes ensemble.

C’est à cet échange que je voudrais contribuer aujourd’hui en vous livrant, après l’exposé que vient de faire Joschka Fischer, le point de nos propres réflexions, sur la situation internationale, sur les méthodes et les moyens, et sur la conduite de notre diplomatie. Je ne peux pas parler de tout quand même, ce serait vraiment trop long, mais je prendrai quelques exemples frappants. Je vous dirai, en reprenant les termes mêmes que j’ai utilisés devant les Ambassadeurs de la France voici quelques jours, pour alimenter des comparaisons, quelle est notre analyse de la situation dans le monde, quelle est la politique que nous souhaitons mener ou développer, quels moyens nous souhaitons y consacrer, en adaptant et en modernisant sans arrêt notre outil diplomatique.

Vous allez percevoir les convergences mais parfois aussi des nuances. Je m’efforcerai moi-même de les relever.

I - Quelle est d’abord l’analyse française de la situation internationale ?

Elle est très simple. Nous partons des données de base du monde actuel et donc avant tout de la globalisation.

1)La globalisation se poursuit sous l’effet des progrès techniques, notamment des nouvelles technologies de communication ; de la circulation de plus en plus libre des capitaux et des investissements ; de la diffusion instantanée des informations et de la liberté de manœuvre des médias ; plus généralement de l’extension -à la fois géographique et à de nouveaux domaines- de l’économie libérale et concurrentielle de marché, qui entraîne un accroissement exponentiel de la compétition et des luttes d’influences.

Cette globalisation comporte beaucoup d’aspects positifs, notamment économiques, avec de fantastiques perspectives d’enrichissement pour une partie du monde ou de la population mondiale. Mais il y a aussi le revers de la médaille auquel nous français sommes très sensibles, qui est le fait que les Etats se trouvent affaiblis et souvent sur la défensive, même quand ils coopèrent entre eux.

Toutes sortes de forces contribuent à cet affaiblissement et en profitent. Je relève d’ailleurs, comme un paradoxe, que les forces économiques dans le monde tendent à la globalisation et au gigantisme, alors que beaucoup de forces politiques vont vers la fragmentation voire l’atomisation. Voyez l’exemple des 189 Etats au sein de l’ONU plus tous ceux qui aspirent à devenir des Etats à partir de décomposition d’Etats existants. Ces forces ont en commun de contourner les Etats ou de vouloir leur échapper et de réduire leur emprise même quand il s’agit d’Etats de droit démocratiques. Elles se fondent sur l’exaltation de l’individu consommateur plutôt que sur le citoyen. Ce phénomène est peut-être plus net en Europe qu’ailleurs. Ce que l’on appelle globalement la « société civile internationale » renforce cette tendance que je signalais.

  • Les grandes entreprises mondiales et les principaux fonds de pension, les uns et les autres avant tout américains, modèlent et façonnent chaque jour sans état d’âme le monde, la société, le mode de vie qui sont les nôtres. Ils estiment même disposer pour cela d’une légitimité égale à celle des gouvernements. Qu’il soit bien compris que je suis là purement analytique.
    2) Du fait de tous ces facteurs, nous constatons que les régulations multilatérales et intergouvernementales type ONU ou type Bretton-Woods piétinent. Pourtant, elles nous semblent plus nécessaires que jamais en raison des problèmes globaux que je n’énumère pas, vous les connaissez par coeur, mais en même temps, elles sont plus difficiles en raison du pullulement des acteurs de la vie internationale, d’acteurs publics. Je parlais des Etats. Sur ce nombre d’Etats, combien y a-t-il de pseudo-Etats ou d’acteurs privés, d’acteurs légaux, mais aussi illégaux - vous connaissez la puissance du crime organisé.

Ce constat lucide ne nous amène pas du tout à conclure à l’inanité ou à l’impuissance des politiques publiques, et des politiques étrangères. Au contraire, pour nous Français c’est évident : seule la politique assure légitimement la prise en compte du long terme dans la vie de nos sociétés et l’arbitrage entre les intérêts, ce que ne peuvent faire à eux seuls ni les marchés, malgré leur formidable dynamisme, ni les individus, malgré toute leur liberté.

Nous sommes encouragés dans cette analyse par le fait que plus la globalisation progresse, plus les aspirations à la régulation se font fortes : qu’en Europe une grande partie de l’opinion, presque tous les partis politiques demandent plus de régulation, que presque tous les gouvernements y travaillent, comme le font partout dans le monde les Organisations Non-Gouvernementales responsables. Puisqu’il y a de tout ici, dans ces organismes. La plupart des pays en développement la réclament aussi. La Russie veut participer au G8, la Chine à l’Organisation Mondiale du Commerce, l’Inde voudrait être un pôle dans un monde multipolaire. Des références communes se répandent. Les Etats-Unis, pour leur part, maintiennent une ambivalence que nous connaissons entre multilatéralisme et unilatéralisme selon les moments et selon les sujets.

  • Dans ce contexte de mondialisation et de négociations multiples et ininterrompues, je crois que les politiques étrangères, et donc que l’outil diplomatique, est plus nécessaires que jamais -cela va sans dire, mais cela va encore mieux en le disant- parce que je ne vois pas, qu’il s’agisse des ONG, des médias, des entreprises ou, des juges mêmes, je ne vois pas qui pourrait se substituer aux diplomaties dans leur travail professionnel et responsable de synthèse, de prospective, de fixation des priorités de négociations, d’élaboration des compromis, et de mise en oeuvre opérationnelle. Nous devons tenir compte de tous les phénomènes que j’ai cités par rapport au nouvel état du monde, nous en inspirer parfois, mais affirmer notre rôle spécifique sans état d’âme.
    Je combats également l’idée erronée, je l’ai fait dans unlivre que j’ai publié récemment et que j’ai appelé « Les Cartes de la France », selon laquelle la perspective de la PESC conduirait inéluctablement les états membres à fondre leurs politiques étrangères dans une seule politique étrangère européenne unique -cela n’a été décidé par personne-. C’est une politique commune que nous bâtissons chaque jour. Personne ne gagnerait rien à une harmonisation par le bas. Je n’hésite pas à dire qu’il n’y aura pas d’actions communes extérieures efficaces de l’Union européenne sans politique étrangère allemande, française, britannique, etc. qui reste forte. Notre objectif ne peut pas être de faire disparaître ces acteurs essentiels qui sont dans ce domaine l’Allemagne, la France, les autres pays européens. Ce serait illusoire. Notre objectif est de leur faire jouer leurs rôles respectifs dans une action conjuguée, féconde qui soit au total une vraie valeur ajoutée pour l‘Europe et par conséquent pour le monde.

II - Quelle politique déduisons-nous de cette analyse ?

1-Je commençerais par l’Europe. La présidence française survient à un moment important et difficile, vous le savez bien, en raison de l’accumulation des chantiers, des rendez-vous, et des défis que l’Union s’est donnée à elle-même : réussir la réforme des institutions et réussir l’élargissement. Objectifs qui ont tous les deux une importance stratégique.

En outre, une présidence de second semestre, cela veut dire quatre mois de travail utile. Même avec une intense préparation, c’est extrêmement court pour trouver les compromis entre des attentes très fortes et contradictoires. Il ne nous reste plus qu’un mois et demi à peine avant le Conseil européen de Biarritz, un peu plus de trois mois avant celui de Nice.

Nous avons, nous français, nos préférences, nos projets : croissance, emploi, modernisation, Europe des citoyens. C’est-à-dire ce dont nous parlent les citoyens Français. Mais la question obsédante de la réforme des institutions s’impose à nous sur fond paradoxal de confiance générale nourrie par la croissance, de malaise sur le système européen, de propositions et d’interrogations interressantes sur l’avenir de l’Europe.

Quelques remarques sur ce dernier point :

Au sein de la CIG, la véritable négociation n’a pas commencé. Les délégations en restent encore à l’exposé des positions nationales. Nous devons tout faire dans les jours qui viennent - il y a urgence - pour entrer sans plus attendre dans le vif des négociations. Nous verrons juste avant Biarritz où nous en sommes. J’espère qu’il y aura eu des progrès. Puis la période entre Biarritz et Nice sera décisive.

Pour la France, un bon accord à Nice sera celui qui permettra aux institutions européennes de fonctionner à quinze, et même après cet élargissement que nous devons préparer et négocier activement, de fonctionner bien et d’éviter la paralysie due au nombre. Nous l’avons dit : mieux vaudrait à Nice un constat d’échec qu’un accord au rabais. Mais je ne veux pas imaginer l’échec.

Comme vous le savez, la France et l’Allemagne se sont d’ailleurs fixés des objectifs très convergents, voire identiques, dans le cadre de cette CIG, Joschka Fischer l’a rappelé tout à l’heure.

Le débat sur l’avenir à long terme de l’Europe forme la toile de fond de cette négociation. Chacun de vous a bien sûr à l’esprit l’important discours de Joschka Fischer, les réactions qu’il a suscitées, les réflexions qu’il a stimulées et le discours que le Président de la République française a prononcé devant le Bundestag sur les possibles étapes futures de la construction européenne.

C’est la prise de conscience, fin1999, de la proximité d’un nouvel et grand élargissement qui a dopé ce débat. L’évidence s’est imposée, en tout cas dans nos pays me semble-t-il, que l’Union qui a déjà du mal à fonctionner à quinze, ne le pourrait plus à 20 ou à25 a fortiori à 30 ou plus et qu’il fallait par conséquent trouver des solutions. Ce débat a suscité beaucoup d’interventions en France où nous avons le goût des spéculations et une certaine idée de nos responsabilités européennes, et aussi en Allemagne. Je vais essayer de résumer les termes de ce débat dont nous avons d’ailleurs parlé hier matin à Evian avec nos collègues européens pendant le Gymnich. Les propositions varient en fait selon le degré de fédéralisme supplémentaire, selon qu’elles portent sur toute l’Union ou sur une avant garde, et selon qu’elles recourrent ou non au mot et à la méthode d’une Constitution.

Certains proposent d’abord de renforcer l’intégration de l’ensemble de l’Union. Ce serait en quelque sorte la démarche de la CIG, mais poussée plus loin après un succès à Nice pour aller vers le vrai fédéralisme. Certains voudraient au contraire préserver l’équilibre actuel, voire revenir à un système plus intergouvernemental.

Mais d’un autre côté beaucoup de voix s’élèvent pour prévoir, ou pour affirmer que la « méthode communautaire » -une approche progressive pour l’ensemble de l’Union- a atteint ses limites ou qu’elle les atteindra avec les conclusions de l’actuelle CIG. Ils en tirent la conclusion qu’il faudra inévitablement qu’une avant-garde se dégage, faute de quoi ce sera l’enlisement.

Karl Lamers et Wolfgang Schäuble avaient choqué il y a quelques années dans plusieurs pays d’Europe en proposant un « noyau dur » pour l’Europe. D’abord parce que toute formule d’Europe à deux vitesses entraîne des réactions de principe très vives, mais en plus parce que, en nommant les pays membres de ce noyau, les auteurs de cette proposition à l’époque avaient donné l’impression que ce noyau serait fermé. Je ne sais pas si c’est ça qu’ils avaient en tête ou pas mais c’est l’impression qui avait été donnée. Cette erreur de présentation n’a été commise par aucun de ceux qui se sont prononcés ensuite dans le même sens, quelle que soit l’appellation employée pour l’avant-garde puisqu’il a plusieurs termes. Mais il y a toujours autant de pays en Europe qui refuseraient, et qui s’efforceraient même d’empêcher, que se constitue un quelconque groupe central sans eux, bien qu’ils aient été jusqu’à maintenant d’une remarquable discrétion dans le débat.

Donc, premier terme de ce débatcompliqué : est-ce que l’on parle de l’ensemble ou est-ce que l’on parle d’une avant-garde ? A ce sujet Joschka Fischer comme moi avons fait remarquer avant l’été que les coopérations renforcées (dès lors qu’elles seraient véritablement assouplies et donc rendues utilisables) pourraient avoir un double usagequi pourrait réconcilier les uns et les autres momentanément : permettre classiquement des coopérations pragmatiques, projet par projet, mais aussi permettre à ceux qui le décideraient d’avancer vers le fédéralisme.

Autre grand terme du débatprécisément : en reste-t-on au dosage actuel de fédéralisme et d’intergouvernementalité ou passe-t-on carrément au fédéralisme ? C’est à cet égard JoschkaFischer qui a été le plus loin dans le discours que je rappelais.

Là-dessus est venu se greffer un autre débat qui est celui sur une éventuelle constitution. A proprement parler il ne peut y avoir de « constitution » qu’au nom d’un peuple souverain et que pour organiser un Etat souverain. En l’occurrence, il s’agirait donc plutôt d’un nouveau traité entre Etats membres définissant des arrangements constitutionnels. Mais ça c’est un peu trop juridique comme remarque car le mot, tout en ayant l’avantage de plaire à la fois aux fédéralistes et aux subsidiaristes, - je ne sais pas si cela se traduit bien , ce mot-là - a acquis une force propre qui répond à un besoin réel de clarté et de lisibilité. Mais très vite, dans un stade ultérieur de cette discussion la question ne sera plus seulement : « faut-il une constitution » mais « laquelle ? ». C’est-à-dire : quelle répartition des pouvoirs entre l’Union, une éventuelle fédération des Etats-nations, les Etats-nations, les régions ; et ensuite autre question qui sera le contrôleur, qui sera l’arbitre de cette répartition des pouvoirs, comment bâtir un système qui ne conduirait pas à ce que nous appelons en France, le gouvernement des juges ? On mesure l’importance de ces questions, la gravité des enjeux qui sont devant nous. Et des conclusions de Nice, ou juste après, nous aurons à nous mettre d’accord sur la façon d’aborder certains de ces points. Je suis convaincu en tout cas qu’un système fédéral classique ne peut pas être « plaqué » sur l’Europe telle qu’elle est avec ses Etats-nations, d’ailleurs personne ne défend cette thèse, et qu’il faudra encore inventer et perfectionner le dosage entre le fédéralisme et l’intergouvernemental. J’ai également la conviction que nous y parviendrons. Je pense que le problème de l’avant-garde en revanche ne se posera vraiment que si nous n’arrivons plus au sein de l’Union à progresser tous ensemble. A ce moment-là il se posera avec une acuité immédiate. En revanche si nous arrivons à un bon accord à Nice, que nous y travaillons et que la priorité sera de faire vivre ces institutions prévues pour l’ensemble. Tout cela me ramène à Nice bien sûr, tout cela me ramène donc au préalable : il nous faut réussir Nice, tout en réfléchissant déjà, à ce que nous faisons, à ce que nous ferons après dans les différentes hypothèses.

2) Un mot maintenant pour votre information sur la politique de la France dans le reste du monde

Et d’abord, sur notre relation avec les Etats Unis

Notre hypothèse est la poursuite, ou le renforcement du pouvoir d’attraction des Etats-Unis et de leur capacité à s’identifier aux formes actuelles de la mondialisation, à les exporter, et à en bénéficier. Nous ne pensons pas qu’il puisse y avoir des inflexions décisives dans la politique étrangère américaine selon l’élection de l’un ou de l’autre, car nous pensons qu’il y a un très grand concensus aux Etats-Unis sur cette politique étrangère, même si naturellement le style, les méthodes peuvent changer à un moment donné et s’il peut y avoir des différences sur tel ou tel point particulier. Je raisonne globalement et dans la durée.

Nous sommes en revanche attentifs à un courant de pensée que j’appellerai néo-unilatéral (qui est tout à fait le contraire de l’isolationnisme), qui est une conception qui apparaît dans un certain nombre de milieux d’experts notamment stratégiques aux Etats-Unis et qui résulte mécaniquement de leur situation dominante. Pour un pays dans cette position, la notion de partenariat peut être difficile à admettre et certains s’interrogent sur le fait de savoir si les Etats-Unis en réalité doivent négocier avec les autres, que ce soit des adversaires ou même des partenaires ou des amis, sur leurs grandes orientations. Certains défendent l’idée que les Etats-Unis doivent définir plus librement leur propre démarche. Je vous conseille à cet égard la lecture très intéressante d’un article récent de Zbigniew Bzrezinski (« vivre avec la nouvelle Europe », dans la revue « The national interests »).

Nous en France nous formulons notre position vis-à-vis des Etats-Unis de la façon suivante : nous sommes leurs amis, leurs alliés depuis toujours, mais nous ne voulons pas être alignés. Cela veut dire que nous voulons pouvoir dire oui ou non, coopérer ou refuser selon les cas, sans cesser de dialoguer bien sûr. Oui, lorsque les Etats Unis s’engagent dans la solution véritable des crises ou prennent de bonnes décisions comme la sage décision récente du Président Clinton sur le projet antimissiles et oui quand nous avons travaillé tous ensemble dans l’affaire du Kossovo, bien sûr. Mais non, lorsque leur unilatéralisme inspire au Congrès ou à l’administration des décisions qui peuvent être néfastes pour nos intérêts économiques ou stratégiques, ou défavorables à nos ambitions politiques pour l’Europe, ou défavorables aussi à une approche multilatérale des défis globaux. Donc, sur un fond d’amitié et de dialogue je dirai que cela dépend des cas. Notre politique est de faire face sans que cela provoque de drame que cela apparaisse normal, comme allant de soi.

C’est là un des thèmes sur lesquels la convergence des analyses françaises et allemandes me semble avoir progressée, c’est à dire, compréhension mutuelle en tout cas dans la dernière période. J’ai au cours de l’année écoulée, senti ici des réactions très proches des nôtres, vis-à-vis des initiatives l’après Kossovo, sur l’OMC, de la révision du traité ABM, sur la Russie. Nous avons, vous et nous, une conscience de plus en plus claire et de plus en plus parallèle de ce que les intérêts de nos pays, les intérêts de l’Europe, ne sont pas pris en compte, ou parfois pas assez dans certaines initiatives américaines, et nous en parlons ensemble dans ce dialogue qui par ailleurs n’a jamais été aussi intense en tout cas avec cette administration sortante à laquelle il faut rendre hommage. Ne reprochons évidemment pas aux Etats-Unis de défendre leurs intérêts. Mais comprenons que personne ne défendra les nôtres à notre place, si nous ne le faisons pas, évidemment dans le cadre de politiques vraiment européennes.

Vis-à-vis de la Russie, nous avons aussi des analyses et des préoccupations voisines. D’abord le souci commun de contribuer à la stabilité de ce pays, à sa modernisation, à la consolidation de son évolution démocratique. Il sera en tout cas très long et très difficile pour les Russes de bâtir une Russie moderne à partir des ruines de l’Union soviétique et de l’héritage de siècles de despotisme. C’est une tâche qui n’est comparable à aucune autre. Nous devons les soutenir dans ce long chemin.

Aider la Russie depuis ces dernières années, depuis la chute de l’URSS, depuis Gorbatchev, en quelque sorte, était justifié je crois. Mais l’’aider les yeux fermés était sans doute une erreur. L’inciter à déréguler son économie, à toute vitesse, sans qu’un Etat moderne soit prêt à assumer son rôle témoignait d’un aveuglement idéologique ou peut-être d’un mauvais calcul. Il faut sans doute une vigilance accrue quant à l’utilisation de l’aide mais aussi être capable d’adapter mieux nos propositions. La France a proposé à ses collègues occidentaux de réfléchir à mieux adapter notre aide aux besoins de la Russie. Ce qui implique : un peu d’autocritique de notre part et de la part des institutions financières internationales ; et d’autre part cela implique d’accepter qu’il se crée un Etat russe efficace. Les propositions que nous avons faites, nous Français, ont été bien accueillies par les Affaires étrangères en général, par les Chefs d’Etat et de gouvernement, moins bien par les Ministres des finances, et par les institutions financières internationales sans doute en cause, en raison de cette incitation à un petit peu d’autocritique.

Nous avons constaté que nos préoccupations étaient largement partagées, ici en Allemagne, y compris sur le problème de la dette russe, avec d’autant plus de poids que votre pays est le premier créancier de la Russie. Mais nous voulons persévérer pour faire passer notre message auprès des américains et auprès des institutions financières internationales.

Les Etats-Unis, par exemple, nous disent qu’ils craignent que toute référence à un Etat russe efficace ne soit utilisée par les autorités russes pour justifier une reprise en mains autoritaire, que d’ailleurs une partie de la population peut-être ne rejetterait pas, mais cette crainte me paraît paradoxale parce que les sociétés et les économies libérales ont toutes des institutions fortes. Dans nos pays nous avons des institutions fortes qui fonctionnent bien. Je suis donc convaincu pour ma part que l’on peut aisément faire la part entre Etat autoritaire que nous ne voulons évidemment pas encourager en aucune façon et par ailleurs un Etat démocratique, moderne, efficace, celui là même dont la Russie a besoin.

D’ailleurs, le choc de la tragédie du Koursk devrait conduire le Président Poutine à ne pas s’en tenir à une approche moderniste trop vague et à une posture de redressement patriotico-nationaliste, mais plus encore à rechercher maintenant les moyens d’une vraie modernisation, qui est tout à fait urgente.

Donc, la politique que nous préconisons par rapport à la Russie combine : 1) dialogue franc ; 2) aide ; 3) vigilance sur l’usage de l’aide ; 4) réorientation de l’offre du contenu de l’aide ; 5) maintien de la pression pour une solution politique en Tchétchénie. Tout cela n’a pas pu être tout à fait traité au dernier G8. Nous travaillons à le faire lors de la rencontre Union européenne-Russie du 30octobre. J’irai à Moscou le 29septembre pour le préparer.

Entre les Russes et nous se trouvent les pays baltes, l’Europe centrale et orientale, les Balkans et Chypre. Notre politique est tout à fait claire à l’égard des douze nouveaux pays dont nous négocions actuellement l’adhésion, à condition, je le redis, de négocier vraiment. La question des frontières de l’Europe se pose à propos de la Turquie, de l’Ukraine, de la Moldavie, de la Biélorussie, mais elle ne se pose pas à propos des Balkans, leur appartenance européenne est incontestable. A leur sujet, nous avons élaboré ensemble une politique globale et en même temps adaptée à chaque cas particulier et même créé des instruments adaptés. Les vrais problèmes, vous le savez parfaitement, concernent la Bosnie, l’Albanie, la Macédoine, la Serbie et donc le Monténégro et le Kossovo. C’est à la fois peu et beaucoup. Le maintien jusqu’à maintenant de Milosevic est une illustration presque caricaturale de notre thèse sur le caractère contre-productif, sauf exception, des sanctions. Nous avons pu constater hier à Evian, Joschka et moi, que les autres Européens sont de plus en plus nombreux à en être convaincus. De plus en plus nombreux mais pas tout à fait tous. Face aux élections nous espérons que les opposants pourront se mettre d’accord sur un programme commun simple à espérer : 1)la démocratie ; 2)le rapprochement avec l’Europe. Tous les problèmes ne disparaîtraient pas avec Milosevic, mais au moins ils changeraient radicalement de nature. A Evian nous avons souligné l’importance du choix du 24 septembre pour les Serbes et annoncé qu’une victoire de la démocratie entraînerait évidemment une révision radicale de la politique européenne.

Au Kossovo nous nous sommes engagés au coude à coude, les élections du 28octobre sont une épreuve de vérité. Si elles sont bien préparées, si elles se déroulent correctement, si les conseils municipaux exercent bien leurs prérogatives, et ne cherchent pas à usurper, disons les pouvoirs du Conseil de Sécurité et des autres organismes à ce moment-là, le premier fondement du Kossovo démocratique aura été posé, quel que soit son statut futur qui devra être fixé plus tard.

L’heure est à la persévérance. Personne chez vous comme chez nous ne pouvait imaginer que notre engagement pour l’européanisation des Balkans serait une brève partie de campagne. M. Fischer a rappelé tout à l’heure que c’est encore l’impression qu’il a retirée de son récent voyage au Kossovo. Le sommet Union européenne/Balkans occidentaux proposé par le Président de la République française a pour objet d’envoyer un message très clair à l’opinion serbe sur ces perspectives.

Enfin une remarque : il pourrait y avoir dans les années à venir entre Européens et Américains quelques différences d’approche sur la place de l’Europe dans le monde et surtout sur les vocations respectives de l’Union européenne et de l’OTAN, dans cette zone, qui va de Tallinn à Nicosie . Je crois qu’ il faut en être conscient pour empêcher qu’apparaissent ou se développent ces éventuelles différences et par conséquent c’est un des points sur lequel nous aurons à dialoguer intensément avec les responsables américains et bientôt la nouvelle administration.

Un mot sur le Proche-Orient. La rencontre de Camp David a créé une situation tout à fait nouvelle en faisant tomber des tabous. La priorité absolue des efforts internationaux doit être d’aider à transformer l’essai. Cela suppose dans les jours qui viennent une immense ingéniosité d’abord de la part des Israéliens, des Palestiniens, des Américains, et de quelques autres pour répartir et combiner les souverainetés à Jérusalem et dans les lieux saints et pour trouver une solution pour les réfugiés et cela supposera ensuite un immense courage ensuite de la part d’Ehud Barak et de Yasser Arafat pour conclure cette paix , cette paix qui n’a jamais été aussi proche. Dans la construction de la paix ensuite, - je distingue la conclusion de la paix de la construction de la paix - , l’Union européenne, forte d’une position commune très claire, celle de la déclaration de Berlin de 1999, et de la forte politique et de l’engagement de l’ensemble de ses Etats membres, sera appelée à jouer un grand rôle.

Pour ne pas allonger trop, je ne vous parlerai pas de notre politique à l’égard de l’Asie, de l’Asie centrale, du monde arabe, de l’Afrique, de l’Amérique latine - pour me demander si nous sommes en train de progresser ou non vers une meilleure régulation de la mondialisation et si le nécessaire multilatéralisme se renforce ou non. Je prendrai quelques exemples récents. Nous regrettons nous Français que la réforme du Conseil de Sécurité n’avance pas. Nous y restons activement favorables et vous y avez bien sûr votre place. Nous avons des discussions avec les Etats-Unis qui sont parfois tentés de contourner le Conseil de Sécurité en utilisant le G8, des initiatives adhoc type conférence de Varsovie, ou encore des actions unilatérales.Mais pour nous cela doit rester la clé du système. Concernant les institutions financières internationales nous avions fait il y a deux ans des propositions mais qui là-aussi se sont heurtées aux hostilités des Américains, qui ne souhaitent pas élargir les responsabilités du FMI. Pourtant la situation actuelle ne paraît pas satisfaisante . Le seul élément de satisfaction c’est que nous avons porté à la direction générale du Fonds, par une belle concertation européenne qui fut d’abord franco-allemande, un homme de grande compétence, M. HorstKOEHLER qui comprend bien la nécessité d’une réforme de cette institution.

Concernant l’OMC, l’accord n’a pu se faire à Seattle sur le lancement à l’OMC d’un nouveau cycle de négociations ouvert aussi à l’environnement, au principe de précaution, à la sécurité alimentaire. Du coup, la victoire que les manifestants croient avoir remportée, - je dis crois parce qu’en réalité l’accord ne s’est pas fait, parce que la réunion était mal préparée -, ce n’était pas à cause des manifestants, c’est une victoire à la Pyrrhus car nous sommes obligés de négocier sur la base très étroite qui avait été convenue à Marrakech. Cela n’est pas une avancée de la régulation, il faudra y revenir.

Mais j’ai quand même quelques progrès à citer, je relève quand même l’établissement, en juin dernier, par le GAFI, pour lutter contre le blanchiment, d’une liste de pays défaillants ; la Conférence de Paris de mai2000 contre la cyber-criminalité ; la convention de Montréal en mai 2000 réglementant les échanges internationaux sur les OGM ; les progrès des discussions au CODEX Alimentarius sur la définition du principe de précaution indispensable pour en éviter les utilisations rétrogrades. Voilà quelques progrès qui avancent sans faire trop de bruit mais qui sont fondamentaux.

En matière de justice internationale 14 pays ont ratifié le statut de la CPI -je rappelle qu’il en faut encore 46 pour que le statut entre en vigueur-. La levée de l’immunité du Général Pinochet donne raison a postériori à ceux qui pensaient qu’il fallait faire confiance à la démocratie et à la justice chiliennes. Le gouvernement français est très engagé sur tous ces plans pour faire progresser une meilleure régulation qui nous paraît le complément nécessaire de la globalisation.

III - J’en viens pour conclure aux moyens de la politique et donc à la modernisation de l’outil diplomatique. Vous verrez vous-même s’il y a des ressemblances ou pas, il y en a forcément, vous verrez jusqu’à quel point.

Les considérations qui précèdent suffisent à démontrer que des pays comme l’Allemagne et la France doivent avoir, aujourd’hui plus encore qu’hier, car le monde est devenu plus compliqué, des diplomaties actives, imaginatives, servies par un outil efficace et moderne. Nous aurons encore longtemps besoin d’ambassades, partout, même si elles doivent changer en profondeur, et même en Europe, pour conforter notre coopération communautaire par un dialogue bilatéral actif et continu.

En revanche c’est très difficile, pour chaque Ministre des Affaires Etrangères, de défendre dans les arbitrages interministériels le budget de son ministère. Il ne peut y parvenir qu’en démontrant que rien ne remplace un outil diplomatique professionnel ce qui conduit à des politiques de réforme et de modernisation et des institutions qui concourent au rayonnement du pays. Il ne peut y parvenir qu’en démontrant que les interventions et les instruments en cause sont utiles, adaptés à leurs fins et à leur époque, et marqués par un souci constant de performance et d’économie, et que rien ne remplace un outil diplomatique professionnel. Ce qui conduit à des politiques de réformes, de modernisation. Là je vous dis quelques mots sur ce que nous avons fait nous-mêmes, ce que j’ai animé depuis un peu plus de trois ans, ce qui forme maintenant l’ensemble de réformes et de modernisations le plus vaste qui a été entrepris concernant le ministère français.

D’abord on a fusionné les ministères de la coopération et des affaires étrangères. (applaudissements) J’espère que je n’ai pas mis le pied sur une fourmilière. Donc, il n’y a plus qu’un ministère des affaires étrangères dans lequel il y a des services qui s’occupent de tout, et il y a une grande direction que nous appelons La Direction Générale de la Coopération et du Développement qui couvre tous les aspects, et qui à terme doit être encore modernisée, restructurée. D’autre part, j’ai créé trois comités de direction que j’anime un peu comme dans une entreprise, un comité de management, avec tous les directeurs importants, un comité de politique immobilière, un comité stratégique pour essayer de faire de la prévision. Je les réunis à peu près tous les mois chacun. Nous avons fait une réforme importante de la comptabilité qui augmente et clarifie les choses et qui augmente l’autonomie des ambassadeurs sur ce plan. Autonomie qu’elle contrôle à posteriori et formation accrue. Nous avons une politique systématique du développement de l’Internet et d’un système intérieur au ministère qui s’appelle Intranet.

J’ai complètement refondu notre direction de l’équipement qui gère le programme immobilier y compris le chantier que vous connaissez au centre de Berlin. J’essaie d’introduire la pratique de l’évaluation y compris au plus haut niveau et j’essaie d’introduire petit à petit des critères. Que d’abord on discute sur le principe. Qu’on se mette d’accord sur des critères d’évaluation qui soient acceptables par les uns et par les autres. Pas sous une forme répressive, mais sous une forme d’aide au déroulement des carrières. Tout cela est enveloppé dans une incitation permanente à une réforme du style des méthodes et je demande sans arrêt au secrétaire général, M. Hennekine, très efficace ,que vous connaissez , une modification du style des réunions, qu’elles soient plus précises, plus rapides, que les correspondances soient plus courtes, plus concises, plus efficaces, que les discussions soient franches et qu’on soit toujours en train d’accroître notre efficacité.

J’ai d’autres projets, d’autres perspectives, mais qui sont moins avancés. D’abord j’ai un programme de mobilité externe où j’ai beaucoup de mal : je voudrais que les diplomates français, à un moment ou à un autre, aillent dans d’autres administrations ou dans le privé et reviennent. J’ai le plus grand mal, parce qu’il n’y a aucun moyen juridique pour obliger à faire cela. Les gens ne souhaitent pas partir ou quand ils partent ils ne reviennent pas parce qu’on n’arrive pas à leur faire des conditions de retour correctes. Ils ont le sentiment d’être non pas valorisés mais pénalisés, or je suis convaincu qu’un diplomate est beaucoup plus efficace dans son action s’il a un peu l’expérience de ce qui se passe dans le reste de l’administration et dans le monde de l’entreprise. Plus il y a de diplomates à l’extérieur, plus les préjugés ridicules sur la diplomatie tombent par rapport à cela. Donc c’est bien pour tout le monde, mais j’ai du mal. Pour le moment nous n’avons que 117 agents à l’extérieur, ce que je trouve tout à fait insuffisant. J’ai un programme de promotion des femmes dans les responsabilités au sein du ministère, mais la difficulté c’est que nous agissons à travers des corps. Aujourd’hui nous avons exactement le même nombre de femmes ambassadeurs qu’il y a de femmes dans les corps et dans les niveaux donnant vocation à être ambassadeur. Donc il y a une sorte de représentativité qui est respectée mais c’est à la source que cela ne marche pas parce que chez nous en tout cas, dans les concours qui donnent accès à ces corps, il y a plutôt moins de femmes qu’avant qui viennent compte tenu des contraintes de la profession. Puis chacun sait aujourd’hui que c’est incroyablement difficile de combiner des mariages dans lesquels les deux conjoints ont des professions et des carrières de ce type. Donc là si vous avez des idées géniales on est preneur parce que nous piétinons un peu.

Je systématise la politique de formation, d’abord initiale et puis permanente à tous les niveaux et nous allons peut-être créer un Institut de formation diplomatique. On a aujourd’hui un bon institut de formation consulaire, mais pas d’Institut diplomatique. Je lance un programme de formation des conjoints en m’inspirant de ce qui est fait par certains pays qui font des choses très remarquables sur ce plan, comme la Grande-Bretagne. Nous lançons une réflexion sur l’adaptation du réseau diplomatique. Cela c’est permanent : on ouvre et on ferme -en permanence- et une réflexion qui va plus loin sur les consulats. Je pense qu’il y a quelques années on parlait d’ambassades communes, c’est un peu mettre la charrue avant les boeufs, puisqu’on est dans le coeur de la démarche politique qui n’est pas facile à fusionner, en revanche, je me demande si sur les réseaux consulaires dans le monde, on ne pourrait pas aller beaucoup plus loin entre Français et Allemands et peut-être même avec d’autres Européens, car pour le coup il y a moins de problèmes d’arbitrages politiques sensibles et ce sont des tâches très importantes. Donc voilà des pistes. Je profite de ce que je suis là pour vous dire cela. Donc voilà les grandes lignes de la réorganisation. Nous sommes vraiment actif là-dessus et le Premier Ministre français, Lionel Jospin, en a tenu compte, et en pratique, cela fait maintenant deux années, j’en suis très heureux, qu’il a donné un coup d’arrêt à la baisse des moyens et des effectifs qui frappait le ministère des affaires étrangères depuis plus de dix ans.. Donc cette tendance est enrayée parce que le Premier Ministre, mais aussi le ministère des finances, a reconnu qu’il se passait quelque chose.

Voilà les quelques réflexions que je voulais vous faire sur notre politique et je crois que nous avons intérêt à échanger, en conclusion, nos réflexions, nos conclusions, l’analyse des difficultés aussi bien sur la grande politique que sur cette question des moyens.

Je ne voudrais pas conclure sans avoir rappelé l’importance de la connaissance de nos langues respectives. Nous avons, du côté français, décidé de rendre la connaissance de l’allemand obligatoire pour les postes de responsabilité diplomatique.

Je ne voudrais pas également conclure sans avoir rappelé l’importance des échanges puisque sur ce point vous avez une nette avance. Je voudrais également rappeler l’importance des échanges sur la multiplication des postes confiés à des fonctionnaires du partenaire, à la centrale ou dans les postes, de même que quand il y a eu des expériences de conférences communes d’ambassadeurs et de directeurs français et allemands sur un sujet donné. D’après ce que l’on m’a dit, cela a été très satisfaisant. Très satisfaisant et très intéressant. Voila des pistes concrètes, pas révolutionnaires, mais si on les poursuivait avec méthode et ténacité cela pourrait changer beaucoup de choses en quelques années. Voilà ce que je voulais vous dire. Je vous remercie encore de m’avoir donné l’occasion de participer à cette réflexion, surtout à l’occasion de votre première conférence. J’y ai été vraiment sensible. Vous voyez que nous sommes dans des situations de convergences et de synergie dynamique et que sur beaucoup de points nous pouvons encore nous apprendre beaucoup de choses et nous enrichir et c’est cela qu’il faut continuer avant tout.

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